L'intervention "à caractère humanitaire" de la préfecture de police n'a pas convaincu les intéressés. Les 10 étrangers en situation irrégulière, emmenés hier matin à l'hôpital par les forces de l'ordre, ont regagné dès hier soir leur domicile provisoire : l'église Saint-Bernard, dans le XVIIIème arrondissement de Paris. En grève de la faim depuis 40 jours, ces sans-papier espèrent obtenir du gouvernement la régularisation de leur situation, ainsi que celle de leurs 300 compagnons d'infortune. Sitôt après leur départ des hôpitaux, ils ont repris leur mouvement de protestation.
Le 8 août, malgré le blocage de la situation, le ministre de l'intérieur avait réaffirmé qu'il n'entendait pas changer de politique. Seuls les parents d'enfants français et quelques cas exceptionnels pourraient se voir accorder la nationalité française. La tension est encore montée d'un cran hier, lorsque 300 policiers se sont rendus à l'église Saint-Bernard pour y chercher les grévistes de la faim, arguant que leur état de santé nécessitait une intervention urgente.
Cette décision rapide et surprenante a provoqué surprise et remous. Certains médecins ont en effet expliqué que la santé des grévistes n'étaient pas aussi préoccupante que voulait le faire croire la précipitation de l'intervention. D'autre part, le cadre juridique de cette opération semble flou aux yeux de certains avocats. "La grève de la faim est un droit qu'aucun texte n'interdit", explique Gérard Tcholakian, avocat et membre du syndicat des avocats de France.
D'autres voix se sont aussi élevées pour protester contre cette mesure. A l'appel du MRAP, hier soir, 200 manifestants se sont rassemblés devant la cathédrale Notre-Dame, pour soutenir les grévistes. Parmi eux, les professeurs Jacquard et Schwartzenverg et Alain Krivine. Louis Viannet et Joëlle Kauffman ont respectivement fait part de leur "indignation" et de leur "surprise". Jean-Louis Debré s'est pour l'instant abstenu de tout commentaire.